PRODIGIEUSES CREATURES Paru AU BULLETIN du 13 septembre
PRODIGIEUSES CREATURES Tracy CHEVALIER FOLIO JUIN 2011
Traduit de l’américain par Anouk NEUHOFF
"La foudre m'a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour du vrai"
Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration.
Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale…
Mon avis
Tracy Chevalier n’a pas son pareil pour dépeindre une époque ou un univers. Tout comme dans « La jeune fille à la perle », le sujet est traité de plusieurs points de vue. Ce roman, inspiré de personnages et d’événements réels, est un récit à deux voix pour une passion partagée.
Tout dans l’écriture montre la lenteur et le côté répétitif des recherches rythmées par les marées. L’auteur analyse avec beaucoup de finesse la duplicité des sentiments de Mary et Elisabeth, les héroïnes de ce récit. Amours déçus, espoirs d’être aimée et l’amitié qu’elle partage font partie du quotidien de ces femmes. La passion commune pour les fossiles, leur acharnement dans l’exploration des falaises et leur soif de reconnaissance par la gente masculine font d’elles des avant-gardistes. La notion d’appartenance et la différence entre chercheur et collectionneur sont abordées de façon très subtile.
De même l’auteur montre le trouble que suscitent les découvertes scientifiques et l’opposition des sphères scientifiques et religieuses. Un très beau roman.